Road movie d’un « jeudi-dimanche »

Quand les conditions s’y prêtent, un jeudi peut subtilement se transformer en « jeudi-dimanche ».

Mon homme, fait partie de ces gens qui ont l’immense honneur de travailler le week-end (et comme c’est un vrai privilégié, il a aussi l’immense plaisir de ne pas être payé plus pour autant. Non, parce que, bon, faut pas exagérer quand même !). Quand à moi, je suis mon propre patron. Je peux donc me programmer une journée libre en plein milieu de la semaine si j’en ai envie. Et, justement, de temps en temps il nous prend l’étrange désir de passer un week-end ensemble. Pour ça, nous avons trouver la technique : nous décrétons alors que jeudi se sera dimanche… et inversement.

Nous voilà donc « jeudi-dimanche » et, pour fêter ce jour magnifique, nous décidons d’aller nous balader. Un sac à dos, un topo guide, une bouteille d’eau, un beau soleil de printemps et c’est parti.


Une heure et demie de voiture plus tard, nous voilà au pied d’un clocher de village, au début de la balade. Et, cinq minutes plus tard, nous nous enfonçons dans la forêt ; une belle forêt apparemment peuplée de visiteurs qui aiment à venir s’y perdre et s’y s’assoir. Le chemin est bordé de bancs en bois, en fer…


C’est une bonne heure plus tard que nous avons notre moment. Mais si ! Vous savez bien, ce moment ?! Ce moment inévitable dans toute balade où on se dit : « Mais qu’est-ce qu’on fait là ! » Tout commence à un embranchement. Une bifurcation toute bête avec un chemin qui part à gauche et un autre qui part à droite, le tout agrémenté d’une signalétique… disons… très approximative. Et, comme il faut bien se décider, nous optons pour la droite. Pourquoi à droite ? ben, heu… ! Pourquoi pas ?

C’est donc dans un ambiance « peut-être qu’on va devoir rebrousser chemin » que nous attaquons le grand huit, plus communément nommé montagnes russes. Le topo disait : 150 mètres de dénivelé. Mais, il ne disait pas : vous allez monter et descendre 150 mètres de dénivelé quatre fois en moins de dix minutes, tout en vous disant « Si ça se trouve il va falloir faire demi-tour, si ça se trouve il va falloir faire demi-tour… » !


Nous ne ferons pas demi-tour. Ouf !

C’est donc légèrement fatigués, mais heureux, que nous arrivons au paradis. Nous sommes même présentés à deux anges. Ils se posent là, dans leur robe « blanc sale », tranquillement en train de brouter du foin. Ils se laissent prendre en photo, nous regardent avec curiosité de leur grands yeux équins, puis retournent à leur botte de foin nous signifiant ainsi qu’on les a assez dérangé comme ça et qu’il est temps pour nous de continuer notre route.


Ils nous foutent dehors, quoi ! Ainsi mis à la porte, nous empruntons - un peu à regret - le chemin du retour : un sentier plein de douceurs et de petites attentions (mais qui peut donc bien s’amuser à planter des jonquilles le long d’un chemin de balade ? Nous n’avons pas résolu ce mystère, mais ça reste très agréable).


Nous ne le savons pas encore, mais notre retour à la réalité sera quelque peu déstabilisant.

Ce chemin du retour nous ramène, en effet, tranquillement vers notre point de départ. Nous approchons de la civilisation. Et c’est là, le long du chemin, bien loin encore de toute habitation, que nous croisons l’enclos : une série de niches en bois recouvertes d’une bâche plastique. Le tout est hermétiquement clôturé par un mur de planches en bois et de plaques en tôle de deux mètres de haut. Dans cet enclos de six-sept mètres carré maximum, sont manifestement parqués quatre ou cinq grands chiens. Et, il nous parait clair que cet enclos étroit et boueux constitue leur résidence principale.

Déjà, en soi, ce constat n’est guère plaisant et suffit à nous perturber quelque peu. Comme pour enfoncer le clou, lorsqu’ils nous flairent ces chiens se mettent à aboyer, à hurler, à pleurer. Des chiens de chasse priés de ne pas s’imprégner de l’odeur de l’homme ? Peut-être. Toujours est-il que je n’ai pas pensé à prendre de photo ; sur le moment, je n’ai pensé qu’à partir loin, vite…

Ainsi se termine notre « jeudi-dimanche », dans une humeur mi-figue mi-raisin. La journée fut belle et agréable, le retour dans le monde réel un peu brutal. Mais, c’est comme ça que ça marche, non ?

Sélection Internet : cœur de pirate and Co

Revue de Web



Musique : Il y a peu, je tombais sur cœur de pirate au détour du blog déambulations. J’ai beaucoup aimé cette voix et la fraicheur qui se dégage de ses titres. Et, oh merveille… ce matin, c’est ce même cœur de pirate qui m’a réveillé, tout en douceur, tout en bonheur… ou alors j’ai tellement aimé que j’ai rêvé ?! C’est possible, je crois.


Sur Myspace : http://www.myspace.com/coeurdepirate

Images, pour les curieux :

  1. Infinite Oz : Comme qui dit miss Julie : « Si t’es curieux…tu cliques sur l’image. Si tu l’es pas…tu cliques pas ».


  2. http://www.scifi.com/tinman/oz/

  3. Naked people : pour ceux qui ont toujours rêvé de savoir ce qui se cache sous les vêtements des gens. Et, cette fois, je cite Presse-citron : « je me demande s’il ne cacherait pas une publicité subliminale pour une crème dépilatoire ou une marque de rasoirs, je vous laisse voir pourquoi… »


  4. http://www.naked-people.de/


    note : l’ancienne adresse (http://www.s226052368.online.de/nakedpeople/) ne fonctionne plus.

Lecture : « Au japon, faire l’amour est un acte sacré », interview de la journaliste Agnès Giard auteur du dictionnaire de l’amour et du plaisir au Japon.


Rôdeurs et brume verte

Je fais parfois des rêves, disons… intéressants. Je vous livre ici le dernier en date :

Scène 1 : Je suis sur une route déserte, une petite route de campagne bordée de végétation : buissons et arbustes sur ma gauche, genre de prairie sur ma droite. Je connais cette route. Oui, me revoilà sur le chemin de l’école, ou plus exactement sur le chemin que je prenais chaque jour pour rentrer chez moi après la classe à l’époque de l’école primaire. J’ai toujours aimé cette route, son calme, sa nature…

C’est bizarre cette brume verte ! Sur ma droite, la prairie est noyée dans une brume verte quasi fluorescente. C’est suspect, toxique même, je le sais, j’en suis sûre ! D’ailleurs, je devine des maisons là-bas, au fond de la vallée, des maisons qui baignent dans cette brume verte, des maisons qui ont toutes l’air abandonnées : leurs volets sont clos, et il n’y a pas un seul signe de vie, pas un oiseau, pas un chat, rien, personne. Tout le monde est mort. Tout le monde est parti.

Derrière moi, la brume commence à remonter. La brume recouvre la route derrière mon passage. Une angoisse diffuse s’empare de moi, cette brume… il ne faut pas qu’elle me touche !

Je cours.

Acte 2 : Je cours jusqu’à la maison d’une amie. Me voilà devant la porte, je frappe, j’insiste, j’ai peur, cette angoisse toujours. La porte s’ouvre. Les visages sont crispés. D’ailleurs, c’est fou le monde qu’il y a ici ! Mon amie J. est là aussi. On m’explique : « Ils sont de retour. Il ne faut plus sortir, pendant plusieurs jours. Les rôdeurs, les monstres, les choses sont de retour. » Je demande : « mais, il fait jour maintenant. Ils sont là aussi pendant la journée ? » J. me répond : « Ils sont là tout le temps. Le jour, la nuit, peu importe. Il faut juste attendre qu’ils s’en aillent, ne pas sortir, rester barricadé. » Je pense : « et ça suffit à les arrêter d’être comme ça juste enfermé dans une maison ? »

C’est vrai que tout est barricadé : les volets sont clos, les portes et fenêtres fermées à clef… Et tout le monde à l’air effrayé. Mon amie a même l’air terrorisé. Elle parait très en colère aussi, ses traits sont durs, crispés. Je sais qu’il s’est passé quelque chose, je sais qu’elle ne peut plus avoir d’enfants, je sens que la chose qui rode dehors à un rapport avec ça. Mais je ne sais pas exactement de quoi il s’agit, et n’ose pas poser la question. Je sens qu’il vaut mieux ne rien dire, ne rien demander.

Mon regard se porte dehors, à travers une des fenêtres encore ouverte. Je ne vois rien. Je m’attends à voir un truc horrible d’un instant à l’autre, mais je ne vois rien… désespérément rien. Pourtant j’ai envie de savoir, j’ai envie de voir, de voir si c’est vraiment dangereux, de voir si c’est vraiment horrible, de voir… mais rien, il ne se passe rien.

Changement de tableau. Changement de point de vue : je vois ce qui se passe, mais je ne suis plus là. Une des personnes de la maisonnée est sortie. Elle est partie au village vendre les colliers qu’elle a imaginé et réalisé.

Retour à la maison : la vendeuse de collier n’est pas revenue. Une femme se dévoue pour aller la chercher. Moi je me dis : « mais, ils sont bêtes ou quoi ?! Ils me disent qu’il ne faut pas sortir, et après ils arrêtent pas d’aller dehors ! »

Nouveau changement de décors. De nouveau je vois ce qui se passe en ville. Il fait nuit. Deux types sont là, ils crient, chantent, s’amusent. Autour d’eux c’est la cohue, tout le monde court, la panique transpire de partout. Mais les deux hommes s’en fichent. Je crois qu’ils sont sérieusement imbibés ! Les deux hommes repèrent une ruelle, s’y enfoncent. Je ne vois plus ce qu’ils font, mais je sais qu’ils ont trouvé une victime. Ils ressortent de la ruelle. Ils sont morts de rire, comme deux vieux amis qui passent une bonne soirée ensemble.

Les deux hommes s’envolent par dessus les toits, le rire toujours au bord des lèvres.

Réveil.

Mais pourquoi faut-il que je me réveille ?! Et comment je fais, moi, maintenant pour voir la fin du film ?

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Note : Dans la vraie vie, J. se porte très bien et vient d’avoir un petit garçon. Je le sais, c’est facebook qui me l’a dit !

LIVRE : Procrastination - par Terry Pratchett

Les Annales du Disque-Monde, Tome 27 : Procrastination - par Terry Pratchett.

C’est mon homme qui m’a offert ce livre. Il a vu le titre, il s’est dit « il faut qu’elle le lise ! ». Ben oui, procrastination, c’est moi un peu. Pour ma défense je dirais quand même : « hé oh, beaucoup moins depuis quelques temps ! »

Donc… Le livre m’a plu. Il m’a fallu des plombes pour le lire, mais au final il m’a plu.

Comme souvent avec Terry Pratchett et ses annales du Disque-monde, l’histoire est lente à se mettre en place, Terry joue avec son lecteur : les pièces du puzzle - de l’histoire - sont nombreuses et presque toutes dévoilées dès les premières pages du livre. Mais cette multitude de pièces ne sera assemblée que petit à petit, au fil de page. Ainsi, le lecteur ne voit se dessiner vraiment l’intrigue qu’une fois pris au piège. C’est la marque Terry Pratchett, c’est aussi la raison pour laquelle il m’a fallu des plombes pour lire le livre : l’accroche ne s’est pas faite de suite.

Dans ce tome 27 des annales du Disque-Monde, Terry Pratchett explore le temps, le temps qui s’écoule, le temps qu’on perd, le temps qu’on optimise… une exploration à la sauce Terry : avec une imagination débordante et beaucoup d’humour ! Un style appelé : fantasy burlesque. Moi j’adore.

Imaginez : une grande pièce, semblable à un hangar gigantesque. Dans cette pièce des tas de piliers, de toutes les tailles, le plus grand fait cinquante mètres de haut et dix de diamètre, le plus petit ressemble à une aiguille de couturière. Tous ces piliers tournent sur eux-même, dans un sens, dans l’autre, très vite ou tout doucement ; parfois ils s’arrêtent. Pilotés par un moine chef d’orchestre et un tas d’autres moines - des exécutants - l’activité de ces piliers ajuste le temps : un pilier tourne dans un sens, il récupère du temps gaspillé par un procrastineur qui se dit « je ferai ça demain » et qui reste là devant la télévision à ne rien faire. Au même instant, un second pilier se met en branle, il injecte le temps récupéré par le premier dans la journée surchargée d’une maman ménage-boulot-bébé-repas-calin-etc.

Non mais franchement, vous imagez ? Mais comment on ferait si ces moines n’étaient plus là ? Où si la machine se grippait ? Où… ?

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Présentation de l’éditeur

Le temps est une ressource qu’il faut gérer, chacun le sait.

Sur le Disque-monde, c’est le boulot des moines de l’Histoire, qui l’emmagasinent, le prélèvent où on le gaspille (par exemple sous la mer : de combien de temps a besoin une morue ?) et le redistribuent à de gros consommateurs comme les villes où l’on en manque toujours.

Mais la fabrication de la première horloge du monde vraiment précise donne le départ d’une course contre… disons la montre pour Lou-tsé et son apprenti Lobsang. Parce qu’elle va arrêter le temps. Et ce ne sera que le début des ennuis.

Procrastination (voir dictionnaire) s’est assuré la participation de héros et de canailles, de yétis, d’artistes martiaux et de Ronnie, le cinquième cavalier de l’Apocalypse (qui a quitté le groupe avant qu’il devienne célèbre).

Toute seule

La pluie mouille le cuir de mes chaussures. Je n’aime pas mettre mes chaussures en cuir retourné quand il pleut ; ça les abîmes. Mais je n’étais pas bien réveillée ce matin, je n’ai pas fait attention. Maintenant il est trop tard : je suis en retard, pas le temps d’en changer.

Pas de course, souffle court – faut vraiment que je me remette au sport ! – me voilà arrivée. La porte du cabinet est fermée, la salle d’attente est vide. Je m’assoie, tourne quelques pages d’un vieux magasine féminin, le repose… « Je vais sortir de mon tête à tête avec l’orthoptiste avec les yeux fatigués et peut-être même un mal de tête, c’est peut-être pas la peine d’en rajouter une couche en lisant la moitié d’un mag sans mes lunettes. »

Ainsi livré à lui-même dans cette salle d’attente au carrelage gris, mon esprit divague ; il se repasse le film des trois derniers mois. Me voilà seule désormais. Seule à la tête d’une entreprise toute neuve. Forte de mon expérience, je me félicite de connaître les règles du jeu, mais je sais aussi que tout est à faire. Quelle étrange sensation : mélimélo de liberté et de vide sous mes pieds ! Cette toute nouvelle situation est stimulante, tout autant qu’effrayante, mais elle me ressemble… enfin.

Déjà un quart d’heure de retard… Perdue dans la contemplation des fines auréoles qui habillent le cuir de mes chaussures fétiches, je me dis que finalement j’aurais eu le temps d’en changer.