Pour quelques notes de musique

Plongée au cœur d’une fête foraine, j’ai tendance à zapper les manèges : trop de bruit, trop d’agitation, trop de mécanique, la nature des manèges se heurte à ma soif de tranquillité et de sobriété.

Par contre, je suis toujours irrésistiblement attirée vers l’orchestre qui accompagne la fête. Aussi mauvais soit-il, je finis toujours la soirée scotcher à quelques mètres de la scène. Dans un sens, on pourrait presque dire que je suis tombée dans la musique quand j’étais petite. Oui, sauf que… le seul problème, parait-il, est que je n’ai pas vraiment l’oreille musicale ; Ce qui explique surement ma charmante tendance à rester écouter un groupe véritablement mauvais pendant des heures.

En l’occurrence, cette fois-ci le groupe était plutôt bon (Non, non. Je ne suis pas la seule à le dire !) Et, comme à mon habitude, ma petite balade au milieu des manèges c’est terminée devant l’orchestre. Sept musiciens dont trois chanteurs, quatre danseuses-chanteuses, un répertoire varié, des chorégraphies sympathiques, une belle énergie, j’avais tout ce qu’il me fallait.

J’étais ravie. Au moins autant que la mamie qui dansait à quelques mètres à peine avec ses copines : toutes voutées, manquant cruellement de rythme, les quatre amies du troisième âge se sont amusées comme des folles pendant des heures. Je les ai observées un moment, jusqu’à ce que mon attention soit totalement accaparer par la scène, le groupe, les danseuses, la musique… Puis, doucement, très sournoisement, la gêne s’est installée.

Bercée par la musique, je n’ai pas tout de suite prêté attention à la raideur qui s’installait doucement dans le creux de mes reins. Mon corps, lui, a réagit : besoin de bouger, puis de s’appuyer contre un poteau, le poids du corps sur la jambe gauche, non plutôt sur la droite… je suis mal à l’aise, je ne sais pas comment m’installer. Ma jambe gauche commence à s’engourdir. C’est comme une pression qui s’installe, la sensation que dans ma jambe tout cherche à doubler de volume. Elle s’alourdit. Plus haut, les reins sont devenus vraiment douloureux, tendus, hypersensibles. Il faut que je m’assoie. Il faut que je m’allonge.

Le groupe entame une nouvelle chanson. Je cède. Je tourne les talons et me dirige vers chez moi, vers mon matelas et ma boite de petites pilules blanches et rouges.

Derrière moi, le troisième âge continu à s’amuser.

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