Le cauchemar de Sacha

Les deux yeux grands ouverts, oreilles attentives, bien campé sur ses pattes, mon chat scrute le canapé avec une attention minutieuse. Sacha semble ne pas savoir que faire : fuir, s’approcher pour mieux voir, appeler sa sœur à la rescousse… le bout du museau remue doucement. Le petit félin essaye de capter une odeur, un mouvement, n’importe quoi qui lui indiquerait d’où vient le danger.

Cinq minutes plus tôt, Sacha dormait encore paisiblement sa petite tête légèrement appuyée contre mon bras. Moi, affalée sur le canapé, je zappais d’une chaine à l’autre, sans vraiment prêter attention aux images qui défilaient sur l’écran ; après une journée bien remplie, je profitais enfin du calme qui régne dans l’appartement. Une fraction de seconde plus tard tout avait basculé !

Un truc noir vient de me passer sous le nez. Mon biceps s’enflamme d’une douleur vive. Sacha se retrouve campée sur ses quatre pattes, trois mètres devant le canapé, atterrée, présentant la tête très caractéristique du réveil en sursaut. Manifestement, elle ne comprend pas ce qui vient de se passer. Moi si. Sacha vient de faire un cauchemar et, réflexe mue par son réveil brutal, elle a bondi toutes griffes dehors. Au passage, elle a emporté un échantillon de la peau de mon bras droit.

Sacha ne comprend pas. Où est donc passé ce truc horrible ? Elle s’approche doucement, renifle, hésite, s’approche encore. La mine est étonnée, désappointée. Elle regarde un peu alentour, juste une demi-seconde, fixe de nouveau la place qu’elle occupait quelques minutes plus tôt.

À force de se rapprocher, Sacha vient d’atteindre le canapé. Elle scrute, renifle… pose une patte sur le canapé… renifle encore. Sans jamais quitter le lieu magique du regard, elle finit par monter totalement sur le canapé. Je me retrouve maintenant entre mon chat et son petit nid douillet. Tel un point d’interrogation, le petit chat noir me lance un regard rapide. Sacha semble dubitative.

Une griffe après l’autre, mon chat a fini par rejoindre sa couche. Dans son regard, on peut encore lire toute l’incompréhension du monde.

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